Les articles de Citrouille dans le rétro — Totalement sous le charme de l’album Les jours pairs et ramenée à ses souvenirs de lectures enfantines, Bénédicte Oudinet (librairie Les Pages du Donjon) a invité l’éditrice de l’ouvrage conçu avec Vincent Cuvellier et Thomas Baas à témoigner de la naissance du projet.
«Un beau jour, fin 2014, sans doute un jour pair, un 26 octobre peut-être, ou un 18 décembre, à la suite d’une conversation animée avec Vincent Cuvellier sur le livre comme lien entre l’enfant et ses parents, notamment dans les familles séparées mais pas seulement, une idée un peu folle se met à germer entre celui-ci et les éditions hélium: créer un livre dont les protagonistes seraient un père et son fils tour à tour sujets des histoires et raconteurs d’histoires, un beau livre illustré qui courrait sur une année entière et deviendrait la maison virtuelle de l’enfant, son lieu à lui quelle que soit la maison où il se trouve, ou le parent avec qui il passe sa soirée.
Avec audace et une sensibilité toute personnelle, Vincent Cuvellier s’empare du projet, dont le titre s’impose vite: Les jours pairs (ou pères?). Militant d’une littérature jeunesse inventive dans la forme comme dans le ton et en prise avec le réel, il alterne les casquettes de père et d’écrivain pour donner vie à une histoire, puis à deux, puis… à 179 histoires inédites. Mais surtout il bâtit un rendez-vous de lecture avec l’enfant, qui dépasse le recueil de textes déjà parus et disparates, et propose au contraire un univers complet à la fois littéraire et doux, accueillant, que l’enfant aura joie à retrouver régulièrement. Des personnages récurrents qui traversent plusieurs histoires, des variations de textes de même forme (recettes fantaisistes, faux règlements intérieurs, moments partagés, Mon fils et moi, etc.), des émotions justes, tout est fait pour susciter l’entrée dans un monde familier où on parcourt pourtant toute la palette de la littérature jeunesse: de l’aventure folle au récit intimiste, du portrait d’animaux aux événements du quotidien, des tranches de vie aux gros éclats de rire… Le papa raconte souvent des histoires à son fils, mais ce je(u) du narrateur, c’est aussi l’auteur qui remercie ses lecteurs à la fin de l’ouvrage. C’est encore ce petit garçon qui, au même moment, découvrira ces histoires. D’ailleurs, il râle souvent : quand c’est fini, trop court, que ça ne se termine pas comme il l’aurait souhaité, ou… que l’histoire ne l’a pas emballé!
Pour donner vie au monde de Vincent Cuvellier, hélium fait appel à l’illustrateur Thomas Baas. Avec son style enlevé et son humour, il saura croquer les animaux, convier le fantastique, mais aussi saisir les expressions et la sensibilité des personnages. L’imagination doit pouvoir voguer: on convient de mettre en avant le trait délicat à la plume du dessinateur et de travailler la mise en couleurs avec parcimonie, en touches légères. Au tour de l’équipe hélium d’alors donner forme à un «beau livre» pour les petits lecteurs qui, malgré sa forte pagination (288 pages), doit être léger pour être transporté. On choisit donc format et papier en conséquence. Enfin, de façon à faciliter la lecture et le rendez-vous régulier avec ce livre compagnon, la typographie respecte un confort de lecture, ménage des zones de blanc, reprend de gros chiffres pairs et des titres qu’il sera aisé de retrouver.»
Sophie Giraud, directrice éditoriale d’hélium, 2017