Si elle n’existait pas, la P’tite Juju, il faudrait l’inventer ! (+ extraits sonores)



« Eh bien, la voilà, la petite Juju, des gros mots plein la bouche, rêveuse et délurée. Mettant sa famille à contribution, elle vous fait partager ses expériences fabuleuses ! » Angelina Galvani vous raconte la naissance de sa P’tite Juju, dont les histoires sont éditées sur CD par Ouï-Dire, et dont elle a fait un spectacle, accompagnée d’une contrebasse qui a un rôle et une histoire bien à elle (programmé au Off à Avignon) [un article paru en 2008 dans Citrouille]

«Pascal Dubois (directeur de Ouï Dire éditions, ndlr) m’a demandé de lui proposer des histoires pour le disque. J’en ai proposé plein. A l’épo-que il n’y en avait qu’une ou deux avec la petite Juju. Il fallait un fil conducteur. Je trouvais moi aussi que c’était important d’avoir une cohérence, une logique d’ensemble propre au disque. Nous sommes tombés d’accord, sur la piste de la « petite Juju ».

J’avais écrit seulement deux histoires où elle apparaissait comme personnage. Mais depuis un moment déjà il y avait une petite fille qui lui ressemblait dans plusieurs histoires ou comptines, et puis un “ton”, un univers qui se profilait. Ça a été le prétexte pour moi de plonger complètement dedans.

Là, ça a pris un peu de temps. J’avais plein d’idées, mais c’est toujours long de construire une histoire. Je fais ça par couches. Il y a une première histoire que je “rêve”, puis que je me raconte à moi-même, parfois je m’enregistre, et au fur et à mesure elle se transforme, les mots se précisent, les phrases sont plus souvent les mêmes, j’écris certains passages. Parfois je la laisse reposer un peu
pour qu’elle mûrisse toute seule. Parfois il faut rêver de nouveau. Ensuite je la teste. Je la raconte en public au milieu d’autres histoires. Là je vois tout de suite ce qui va et ne va pas. Je recommence je re-teste etc. C’est vraiment avec les oreilles des auditeurs qu’elle prend forme. En général je ne peux pas dire qu’une histoire est “définitive”, même celles du disque. Elles sont fixées, mais si je les raconte en public, ça va changer encore. Je ne me sers de l’écrit que comme un outil, pour mémoriser quelque chose de précis, ou pour travailler sur un détail de rythmes, de jeux de mots et aussi au final si je veux déposer mon histoire. Je fais le choix de ne pas “écrire” en premier, pour que les mots soient vraiment au service des sensations et de l’imaginaire. C’est le seul moyen que j’ai trouvé pour que l’écriture soit juste. (…)

Pour créer la petite Juju et sa famille, je me suis inspirée de mes propres sensations d’enfant. Les souvenirs et la manière dont on peut les faire revivre en nous me passionnent. Particulièrement ceux de l’enfance, qui est une période vraiment à part, où le temps s’étale, où les valeurs ne sont pas les mêmes. C’est une époque dont je ne peux qu’être nostalgique : la liberté, le jeu, l’insouciance, l’affection, la tendresse et pourtant… je voulais tellement grandir ! Quand j’écris pour les enfants j’écris en repensant à la petite fille que j’étais, comment je percevais le monde, ce que j’aimais. Et je dis à cette petite fille : regarde comme c’est bien, profites-en !!!

J’ai l’habitude, quand je raconte en public d’utiliser, le geste, l’espace, la présence des auditeurs. L’enregistrement a demandé une toute autre démarche.

Au début, j’étais vraiment très nulle. J’étais impressionnée par le fait de me retrouver seule face à cet énorme truc à trois centimètres de ma bouche, qu’on appelle un micro, ça s’entendait terriblement que j’étais tendue. Je ne pouvais pas du tout m’appuyer sur des mimiques ou quoi que ce soit de visuel, c’est ça qui a été le plus dur…Tout doit passer dans la voix. Le silence aussi n’est pas le même, en public le silence est un écho une écoute collective, là c’est plus difficile à appréhender. Au début je n’en faisais pas assez, après trop. C’est Pascal qui m’a guidée là-dessus. D’un autre côté, tout s’entend, toutes les intentions paraissent grossies dans le micro, caricaturées, il ne faut surtout pas trop en faire. Pascal m’a fait découvrir par exemple qu’on reconnaissait très bien les voix des personnages, il m’a fait enlever tous les « dit Antoine », « dit Juju », « répondit sa maman »… une tonalité un peu différente pour chacun suffisait.

Dur aussi d’imaginer ses auditeurs, car si on ne pense pas à eux, ça sonne creux, ce n’est pas “adressé”. Je m’entraînais chez moi avec une poupée ou un nounours pour m’appliquer à adresser mon histoire non pas à un public mais à “quelqu’un” d’imaginaire. »

Angelina Galvani (son site)


Extraits sonores La Petite Juju :

Spectacle La Petite Juju :

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Chaque enfant peut retrouver dans La Petite Juju son environnement familier (supermarché, salle de bain, école…). Mais voilà que la petite fille se perd dans ses rêves et glisse vers d’autres mondes bien à elle : La mousse dévorante s’échappe de la machine à laver, ici on peut voler, ici on peut avoir tout ce qu’on veut même les cheveux longs jusqu’aux fesses comme une princesse…

Présente tout le long du spectacle, la musique s’articule autour d’une contrebasse. Tous les arrangements sont réalisés avec des sons provenant de cette imposante « grand-mère ». Elle grince, frotte, imite les battements des ailes des oiseaux, tape, cogne, chante et respire. Sur scène ce n’est plus un duo mais un trio, car la contrebasse à un rôle et une histoire bien à elle.

Angelina Galvani et Rémi Auclair abordent la scène comme un jeu d’enfant où tout peut devenir magique, joyeux, mais aussi absolument vrai.

Le décor et la lumière conçus par François Austerlitz entrent aussi dans ce jeu: Les ampoules suspendues vibrent dans la tempête, les draps qui semblaient sécher font apparaître des ombres chinoises. Ce décor est aussi un « jouet » pour la conteuse qui s’enroule dedans, s’en fait un costume, une marionnette, un nuage….

Texte et interprétation: Angelina Galvani
Musique, composition interprétation: Rémi Auclair
Direction d’acteurs: François Gibut
Création Lumières et scénographie: François Austerlitz

Public: à partir de 6 ans



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juju3Photos Karim Houari