Ah la chouette semaine Pépix que j’ai passée ! – par Gaëlle Barbosa, librairie A Pleine Page de Lyon

Bon, admettons que j’ai failli être croquée toute cru par un ogre et que j’ai cru crever de rire à cause d’une toute petite souris… Mais passé le choc, je suis toujours bien vivante pour vous raconter cette drôle de semaine.
Pépix est la nouvelle collection qui pétille dirigée par Tibo Bérard aux éditions Sarbacane. Elle se destine aux 8/12 ans (environ, hein, on va pas pinailler) et se veut « un grand cocktail d’humour, d’aventure et d’irrévérence ! » Tiens, un cocktail… Voudrait-on enivrer les enfants dès leur plus jeune âge ?
Si on pouvait en enlivrer certains,
ça serait déjà bien. 
Depuis quelques années, on ne peut que constater l’essor des publications destinées à cette tranche d’âge et l’on s’en réjouit (en tout cas  moi !) puisque ce phénomène offre enfin une alternative au combo infernal Géronimo Stilton vs Cabanemagique (existe en version Bus magiqueChâteau magique, j’en passe et des meilleures…)
Avec sa souris détective, Albin Michel a bien compris que si l’on veut faire lire, faut que ça déménage ! Alors on met de la couleur partout même si c’est pas assorti, on écrit gros, de traviole, faut que ça penche, que les lettres vous sautent à la figure et vous jettent les mots direct à la bouche. Un livre arc-en-ciel qui rappelle les tranches bariolées de la fameuse Cabane magique. Mais là, une fois passé le choc visuel de la couverture, c’est austérité à bord, à babord et à tribord. Pourtant les gamins embarquent pour ces mystérieux voyages dans le temps. Là, petit aparté, c’est un mystère pour moi… […]

Passés ces deux mastodontes de l’édition, d’autres initiatives plus emballantes ont vu le jour.  Par exemple citons les éditions Albin Michel (encore eux!), qui ont démarré en grande pompe la collection Witty il y a environ 3 ans. David Walliams qui avait déjà été publié par Gallimard jeunesse pour Le jour où je me suis déguisé en fille (tiens, voilà un livre dont on pourrait entendre parler ces jours…) en est un peu le fer de lance. Mais n’oublions pas la série à succès Madame Pamplemousse qui régale les jeunes filles de ses fabuleux délices. Le hic ? Ben, j’en vois un tout petit quand même… Où sont donc les auteurs français là dedans ? Car dans les livres cités les auteurs sont une souris italienne anonyme, une certaine Mary Pope Osborne pour les 43 tomes de La cabane magique, mais foin de français !
Vous aussi ça vous agace ?
Je cite tout de même Claudine Desmarteau qui me fait faire pipi de rire avec sa série Le petit Gus, une série humoristique pleine de vie et de gros mots gras comme il faut. Je précise car ça ne plaît pas à tout le monde !
Bon, et bien je soupçonne Tibo Bérard d’avoir aussi été agacé par cette domination anglo-saxonne parce qu’on a tout plein de bons auteurs par chez nous. Et voili voilà, tout ce blabla pour vous dire que Pépix est une collection qui a absolument tous les atouts pour se creuser une place de choix dans ce « créneau » des 8/12 ans.
Avant d’argumenter, laissez-moi vous les présenter :

Ils sont beaux, hein?
Alors, selon moi et ça n’engage que moi et moi-même, ça devrait plaire à beaucoup car :
– les auteures se sont lâchées et bon sang que ça fait du bien ! Elles sont pour le moment deux : Marion Brunet a concocté L’ogre au pull vert moutarde et Raphaële Moussafir s’est attaquée à la fameuse légende de la petite souris avec Sacrée souris. 
– les histoires sont TROP marrantes. Dans L’ogre..., il y a vraiment un ogre gardien de nuit dans un foyer pour enfants. Ce n’est pas juste un gros monsieur vilain, poilu qui pue du bec ; c’est VRAIMENT un ogre. (Si tant est que ça existe). Il y a une phrase de Marion Brunet au début du roman qui m’a bouleversée, c’est une phrase à propos du personnage d’Abdou qui, chez lui, dort dans un panier à chien. Il y a une explication qui n’est pas celle qu’on croit, son père n’est pas si horrible quand même !

Dans Sacrée  souris une souris pimousse (et feignasse) devient, par tout un tas de chamboulements -dont la mort de la si gentille reine des souris Marie-Claire-, LA petite souris. Comment être petit et s’assumer comme tel, semble t’elle nous dire du haut de ses courtes pattes.
Les deux textes sont parsemés de bons conseils et de bonus qui sont hilarants. Dans L’ogre, Abdou vous livre ses conseils de traduction français compliqué-français normal et ça donne ça :
S’ils disent : « Les budgets ne sont pas élastiques. » Il faut entendre : « Tu garderas ton blouson pourri encore une saison. »
Dans Sacrée souris on découvre tout un tas de bonnes astuces pour :
Rendre ses parents chèvres, ranger sa chambre, éviter le gaspillage ou encore comment se brosser les dents… Enfant, si des fois tu te demandes qui peut bien mettre un bordel pareil dans ta chambre, tu vas être servi !
Et oui, c’est écrit bordel dans le livre.
Par ailleurs, les passages en vieux françois de « Victor Emile Souris l’écrivain interminable » (une trouvaille que cette phrase !) et leur traduction en français djeun sont mémorables :
« Esgourde-moi bien, félone pucelle ! [écoute moi bien, saleté de gamine!] Où diantre es-tu allée quérir telles fariboles ? [On peut savoir d’où tu sors cette idée débile ? ] Icelui ne croira oncques à des viles balivernes ! [On va pas avaler des crétineries pareilles, quand même !] »
Oui, c’est aussi écrit pucelle !
Bon, là je me retiens de vous citer tout le contenu des romans.
– design de la collec au top !
– slogan au top aussi (cf ci-dessus)
– illustrateurs au petits soins. Caroline Ayraud pour Sacrée souris et Till Charlier pour L’ogre au pull vert moutarde


Gaëlle Barbosa, librairie A pleine page de Lyon
Chronique du blog L’Ouvre-livres, où on peut en retrouver l’intégralité