Face à l’imprévu, on est forcé d’improviser — Julia Woignier

Au rythme d’une publication par an depuis un premier album publié en 2014 chez MeMo (La ronde des mois, textes de F. Morvan), Julia Woignier glisse doucement mais sûrement sa patte dans le vaste monde des livres pour enfants. Elle signe aujourd’hui un superbe album aux éditions du Seuil, Camping sauvage, et confirme avec ce nouveau petit bijou son talent à en dire autant par des couleurs très vives que par un jeu avec le blanc. Une histoire de vacances, d’amitié, d’aventures et de rencontre à l’image de cette illustratrice discrète, au talent indiscutable. Aurélie Lucchi (librairie La Carline) l’a rencontrée.

AURÉLIE LUCCHI: Camping sauvage, c’est l’histoire d’une bande d’amis animaux qui décident, au premier jour de l’été, de partir explorer la montagne, chargés de leurs tentes et provisions. Mais dès le premier soir, une tempête va chambouler leurs plans… Comment est venue l’idée de cette histoire?

JULIA WOIGNIER: Je crois que j’avais très envie de vacances, alors j’ai dessiné l’image où les animaux montent la tente. J’ai fait une image, puis deux… et c’est bien après, en revoyant ces images dans mon carnet, que j’ai commencé à inventer l’histoire. L’idée de la tempête vient de mes propres souvenirs de camping: les nuits d’orage et d’intempéries sont très impressionnantes sous tente. Le bruit de la pluie qui s’abat sur la toile est amplifié, on sent la terre trembler à chaque coup de tonnerre, on se sent vraiment tout petit face à la nature et on ne voit pas ce qui se passe dehors… on peut alors tout s’imaginer.

AURÉLIE LUCCHI: Pour un projet comme celui-ci, où tu as réalisé textes et illustrations, comment se construisent les deux narrations?

JULIA WOIGNIER: J’écris d’abord par l’image. Comme pour Camping sauvage, mes idées d’histoire naissent souvent d’un dessin. Par ailleurs, dessiner m’est nécessaire pour inventer l’histoire. Donc je dessine beaucoup en amont du livre, j’ai des carnets de recherches remplis d’images. Par ce processus je mets également mes idées à l’épreuve du dessin.

AURÉLIE LUCCHI: Ce que j’aime particulièrement dans tes livres, c’est la première phrase, qui arrive un peu comme si l’histoire avait déjà commencé, et que le lecteur n’avait qu’à se glisser dans la situation et suivre le cours de l’histoire. À quel moment intervient-elle, cette première phrase?

JULIA WOIGNIER: Je dessine tout (ou presque) avant d’écrire le moindre mot. Le texte peut venir par bribes pendant que je travaille, mais généralement je ne l’écris qu’à la fin. J’accorde beaucoup de soin à la première phrase car elle marque le début d’un voyage pour le lecteur et il me semble qu’elle doit tout de suite nous embarquer. C’est une sorte de «il était une fois» non formulé.

Lire la suite de cette interview dans le n°84 de Citrouille à découvrir dans les Librairies Sorcières et sur des stands d’éditeurs à Montreuil, dont ceux d’Actes Sud, Rouergue, Gallimard, Flammarion, Rue du monde, Ecole des loisirs…